orpailleurs clandestins travaillant dans une mineA LA UNE AFRIQUE 

Côte d’Ivoire: Orpailleurs clandestins: « Bienvenu au far-west ivoirien »

Le jeudi 5 septembre 2019 notre équipe de reportage et moi décidons de nous rendre à Bebou. Une localité située à 54 km d’Abengourou la capitale de l’indénié. Notre mission: montrer qui sont les orpailleurs clandestins.

Orpaillage, un phénomène qui mine le pays de jour en jour…

En Cote d’Ivoire depuis 2012, l’orpaillage tel un monstre rampant affamé, englouti village après village. Aucune région en CI  ne lui échappe. On en parle timidement certes, mais en toute quiétude ce phénomène gagne du terrain. 

Nous sommes à Adjamé, très tôt le matin, nous nous procurons nos titres de transport. A bord d’un car climatisé très confortable, nous voilà en route pour Abengourou. L’état de la route nettement meilleur, me fait remarquer ma voisine de gauche. Après 2h 50 minutes de route, nous sommes à Abengourou. Notre indicateur qui nous attendait à la gare, nous fit signe de monter dans un véhicule de transport communal affrété pour nous. Après quelques minutes nous descendîmes à la gare de Bebou où nous embarquâmes dans une voiture dite « badjan ».

Après quelques heures, nous sommes enfin à Bebou. Notre guide, tout de suite nous fait visiter un site d’extraction clandestin. Le site à en croire les plants tout autour était un champ de cacao. Pour nous assurer que notre hypothèse est juste, nous posâmes la question à notre interlocuteur qui nous répond par l’affirmative. Ensuite il poursuit :  » avec la mévente de nos produits agricoles, nos paysans ici sont obligés de céder leurs plantations aux orpailleurs clandestins. Ces derniers les exploitent moyennant un montant préalablement discuté. C’est une sorte de location de terre. Les paysans sont donc conscients que leurs plants seront détruits. » À la question de savoir s’ils sont conscients des effets néfastes sur le moyen et long terme, notre ami répond  » nos paysans ici  ont des problèmes existentiels. Alors ne leur demandez pas de planifier quoique ce soit si leurs besoins primaires ont du mal à être satisfaits. » 

Qui sont ces orpailleurs clandestins couverts de boue ?

Notre guide nous répond qu’ils sont pour la plupart d’origine ghanéenne. Ils viennent avec leur savoir-faire et leurs machines. Les ivoiriens leur servent de manœuvres. Il se font employer comme des journaliers. Une journée de travail coûte 10 000 francs cfa. Quant aux femmes, on leur assigne des tâches bien spécifiques et une journée d’embauche leur revient à 5000 f cfa. 

Nous tentâmes d’arracher quelques mots aux responsables des orpailleurs clandestins cependant nous buttâmes sur leur mutisme. Quelques minutes après, notre indicateur nous conseille de quitter les lieux. Selon lui, ces orpailleurs nous considéreraient comme des espions susceptibles de les dénoncer. Nous lui obéissons donc et décidons de rentrer au village.

Nous rencontrâmes dame Aka. C’est une autochtone. Elle en avait gros sur le cœur apparemment. Nous entamions un échange avec elle.  » Vous savez, depuis que ces gens sont arrivés ici, il ne se passe de jour sans qu’il y ait braquage. Les bandits sont généralement munis d’armes automatiques de guerre. Leur mode opératoire semble très bien élaboré. Aucune autorité ne dit mot. Les jeunes ne vont plus au champs, plus personne ne fait de cultures vivrières.  Désormais les denrées alimentaires nous viennent d’Abengourou. Elles coûtent bien sûr plus chères. La populations à quatriplé en espace de 5 ans. Les structures sanitaires et éducatives sont débordées. Les gens défèquent partout dans le village. Monsieur ici c’est la chienlit totale. Soyez nos relais à Abidjan, nous en avons marre ».

Orpailleurs clandestins, véritable source d’insécurité pour les populations…

Pendant qu’elle nous parlait, nous entendîmes des cris stridents dans le village. Après renseignements, on nous informe qu’un jeune du village aurait surpris en flagrant délit d’adultère sa femme et un orpailleur clandestin. Le jeune aurait administré un violent coup de machette à l’orpailleur ghanéen. Ce dernier serait entre la vie et le mort. Ces collègues crieraient vengeance au cas où il décéderait.  » vous voyez nous dit dame Aka, chaque jour c’est comme ça ici ». Pourquoi depuis que ce gouvernement est là plus rien ne va ici. Les orpailleurs ont assailli le principal cours d’eau. Pourtant il ravitaillait le village en poissons. Ces orpailleurs sont des expulsés du Ghana voisin pour cause de pratiques peu recommandables.

La côte d’Ivoire serait donc devenue une poubelle…?

La côte d’Ivoire serait donc la poubelle où l’on peut tout pourvu que certaines autorités y trouvent leur compte. 

Insécurité grandissante conduite par des hommes armés jusqu’aux dents, des conflits quotidiens, la destructions de plantations, la pollution des cours d’eau, tout cela se passe ici sans que nos autorités ne disent mot.  Bienvenu au  » far-west » ivoirien.

 
Sanogo Yacouba

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